RGPD : comment sécuriser les données de vos locataires ?

Depuis l’entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD) en mai 2018, la gestion des données personnelles dans l’immobilier est placée sous haute surveillance. En tant que bailleur, gestionnaire ou syndic, la collecte et le traitement d’informations telles que le nom, le revenu, les coordonnées bancaires ou les justificatifs de domicile de vos locataires vous placent dans le rôle de « responsable de traitement » au sens du règlement européen.

En 2025, la CNIL intensifie ses contrôles dans le secteur immobilier, avec une attention particulière portée aux pratiques des agences, des plateformes de location et des bailleurs privés. Mauvaise sécurisation des données, conservation abusive ou défaut d’information des locataires : les risques sont bien réels. Or, des pratiques simples mais rigoureuses permettent d’être en conformité, tout en renforçant la confiance des locataires.

Voici un guide complet pour sécuriser les données personnelles des locataires conformément au RGPD, éviter les sanctions, et adopter une gestion responsable et moderne de vos dossiers locatifs.

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Comprendre le cadre légal du RGPD

Le RGPD repose sur plusieurs principes fondamentaux. Tout d’abord, celui de la limitation des finalités : les données ne doivent être collectées que pour des objectifs légitimes et clairement définis. Ensuite, celui de la minimisation : seules les données strictement nécessaires doivent être collectées. Vient ensuite la sécurité des données, qui doit être assurée à tous les niveaux (collecte, traitement, stockage, archivage). Enfin, le RGPD consacre le droit des personnes concernées à être informées, à accéder à leurs données, à les rectifier ou à en demander l’effacement.

Dans le cas d’un contrat de location, les données sont nécessaires à l’exécution du contrat et peuvent légitimement être demandées. Mais le bailleur ne peut pas aller au-delà de ce qui est pertinent : demander une copie du relevé bancaire mensuel complet ou un RIB d’un tiers garant sans justification peut être considéré comme excessif.

Quelles données peut-on collecter ?

Le décret du 5 novembre 2015 encadre strictement les pièces justificatives que peut demander un bailleur. Il s’agit notamment d’une pièce d’identité, de justificatifs de domicile, de revenus et d’activité professionnelle. Toute demande supplémentaire doit être justifiée par la nature du bien ou les spécificités du contrat. Conserver indéfiniment des documents sensibles ou non nécessaires constitue une infraction au RGPD.

Il est également interdit de collecter certaines données considérées comme « sensibles » : opinion politique, orientation sexuelle, données de santé, sauf consentement explicite et nécessité avérée, ce qui est rarissime en matière de location.

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Informer clairement vos locataires

Le premier devoir du bailleur est l’information. Chaque fois que vous collectez des données personnelles, vous devez informer la personne concernée des finalités du traitement, de la durée de conservation, de ses droits et des moyens de les exercer. Cette obligation peut être remplie via une notice d’information jointe au bail, une clause spécifique ou un lien vers une politique de confidentialité.

Le locataire doit savoir qui est le responsable du traitement (le bailleur, ou le syndic dans le cas d’un traitement mutualisé), s’il y a des sous-traitants (logiciels, cloud, prestataires) et si les données sont transférées hors de l’Union européenne. Ce droit à la transparence est fondamental, et son absence peut entraîner des sanctions.

Assurer la sécurité des données stockées

La sécurisation des données ne se limite pas à leur chiffrement. Elle implique une approche globale : limitation des accès, double authentification, choix de prestataires conformes au RGPD, sauvegardes régulières, et sensibilisation des collaborateurs.

Un fichier Excel non protégé contenant les données de dizaines de locataires n’est pas acceptable. Le stockage sur un cloud personnel sans chiffrement ni journal d’accès non plus. En revanche, l’utilisation d’un logiciel métier hébergé en France ou dans l’UE, sécurisé par mot de passe fort et audit régulier, constitue une bonne pratique. La CNIL recommande également d’anonymiser ou pseudonymiser les données lorsqu’un traitement statistique est réalisé.

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Limiter la durée de conservation

Les données personnelles ne doivent pas être conservées indéfiniment. La CNIL recommande de les conserver pendant la durée du contrat de location, puis pendant cinq ans après la fin de la relation contractuelle, en raison des délais de prescription. Passé ce délai, elles doivent être supprimées ou archivées de manière sécurisée et restreinte.

Un audit annuel des bases de données est conseillé pour supprimer les documents obsolètes. Par exemple, conserver les bulletins de salaire d’un locataire ayant quitté le logement depuis plus de cinq ans constitue un manquement au RGPD. Il en va de même pour les anciens mails contenant des informations personnelles non effacés ou mal classés.

Préparer une réponse aux demandes des locataires

Tout locataire peut, à tout moment, exercer ses droits : demander une copie de ses données, les faire rectifier, s’opposer à certains traitements ou en demander l’effacement. En tant que bailleur ou gestionnaire, vous devez être en mesure de répondre dans un délai d’un mois, et de fournir les données dans un format compréhensible et accessible.

Ne pas répondre ou ignorer ces demandes expose à des plaintes auprès de la CNIL. Un registre de traitement, listant les catégories de données, leur usage et les personnes y ayant accès, est fortement recommandé pour être réactif.

Que faire en cas de violation de données ?

Une perte de fichiers, une intrusion dans votre messagerie, ou une fuite de données sur une plateforme sont des incidents à prendre très au sérieux. Le RGPD impose, en cas de violation de données à caractère personnel susceptible d’engendrer un risque pour les droits et libertés des personnes, une notification à la CNIL dans un délai de 72 heures.

Une notification aux personnes concernées est également exigée si la fuite est susceptible d’avoir un impact significatif (ex. divulgation d’un RIB, d’une copie de carte d’identité). Disposer d’une procédure d’urgence interne, ou d’un prestataire DPO, est un gage de professionnalisme.

Vers une réglementation encore plus stricte ?

En 2025, la CNIL recommande un encadrement renforcé des pratiques immobilières, et plusieurs amendements législatifs sont en discussion pour intégrer des exigences sectorielles au sein du Code de la construction. L’objectif est de responsabiliser davantage les plateformes de gestion locative, notamment celles collectant des données massivement via formulaires en ligne.

Une labellisation des outils numériques immobiliers respectant les normes RGPD est envisagée. Elle permettrait aux bailleurs de s’appuyer sur des solutions certifiées pour assurer leur conformité.

Gérer les données de vos locataires, un devoir juridique et éthique

Protéger les données personnelles des locataires n’est pas seulement une contrainte réglementaire, c’est aussi un gage de sérieux et de respect. En adoptant de bonnes pratiques dès la collecte des documents jusqu’à leur suppression, bailleurs, syndics et agences peuvent éviter les sanctions, prévenir les conflits et renforcer la confiance des occupants.

En 2025, à l’heure de la numérisation de tous les échanges, la conformité RGPD devient une compétence essentielle dans la gestion immobilière.


Sources

 

 

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