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Bail électronique et preuve numérique : ce que dit la loi 2025

L’essor du numérique transforme profondément les pratiques immobilières, et le bail électronique en est l’un des symboles les plus visibles.

Que ce soit dans le cadre d’une location vide, meublée ou saisonnière, la signature électronique du bail et la conservation numérique des documents deviennent des standards. Mais cette dématérialisation ne va pas sans exigences légales, notamment en matière de preuve, d’archivage et de consentement.

En 2025, la réglementation française, consolidée par le Code civil, le Code de la consommation et le Code de la construction, encadre précisément les conditions de validité d’un bail électronique. Cette évolution est également accompagnée par des normes européennes, notamment le règlement eIDAS, qui définit les niveaux de signature électronique et leur valeur juridique.

Alors, que faut-il savoir pour établir un bail électronique en toute sécurité juridique ? Quels sont les droits du locataire ? Quelles sont les précautions à prendre pour garantir la preuve en cas de litige ? Tour d’horizon complet de la loi en vigueur en 2025.

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Une validité juridique pleinement reconnue

Le bail d’habitation peut parfaitement être conclu sous forme électronique. Le Code civil reconnaît depuis 2005 l’équivalence juridique de l’écrit électronique à l’écrit papier, à condition que l’identité du signataire soit garantie et que l’intégrité du document soit préservée. Cela implique notamment une vérification de l’identité des signataires, une méthode de signature sécurisée et des modalités d’archivage conformes aux standards en vigueur.

Les juges reconnaissent aujourd’hui la validité d’un bail électronique, à condition que toutes les étapes de consentement et de sécurité aient été respectées. Un arrêt de la Cour de cassation rendu en 2023 a confirmé la pleine valeur juridique d’un bail signé électroniquement, dès lors que les conditions techniques sont respectées.

Des signatures électroniques aux niveaux distincts

Le règlement européen eIDAS distingue trois niveaux de signature électronique. Le niveau simple, qui consiste souvent en un clic ou l’envoi d’un scan, offre une valeur probante réduite. Le niveau avancé, plus courant dans les pratiques immobilières, repose sur une authentification renforcée avec un certificat nominatif et un code de vérification. Enfin, la signature qualifiée, beaucoup plus rigoureuse, est rarement utilisée dans le secteur locatif car contraignante et coûteuse.

Dans les faits, la signature électronique avancée constitue aujourd’hui la norme pour les baux numériques. Elle est suffisamment fiable juridiquement, à condition que l’identité du locataire soit formellement vérifiée et que le parcours de signature respecte les exigences du droit de la consommation.

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Consentement et transparence envers le locataire

Le bail numérique engage le bailleur à garantir une parfaite transparence à l’égard du locataire. Avant toute signature, les documents obligatoires doivent être transmis et le parcours de validation doit respecter les exigences du Code de la consommation. Cela implique un système de double validation, un accès à toutes les informations contractuelles, et la possibilité de relire et de télécharger l’ensemble des annexes avant de signer.

La jurisprudence confirme que l’absence de consentement éclairé, ou un défaut de procédure, peut entraîner la nullité d’un bail électronique. Il est donc impératif de s’assurer que le locataire a bien compris les termes du contrat et qu’il a eu accès à l’ensemble des pièces justificatives avant d’apposer sa signature numérique.

L’archivage à valeur probante : une étape essentielle

Un bail électronique n’a de valeur juridique que s’il est conservé de façon intègre et traçable. En cas de litige, la preuve repose sur la capacité du bailleur à démontrer la validité du document, sa date, l’identité des signataires et les étapes de validation.

Pour cela, il est indispensable de recourir à un service d’archivage certifié. Celui-ci doit garantir que le document n’a pas été altéré, qu’il peut être restitué dans son intégralité et qu’un historique complet des signatures est disponible. L’archivage dans un coffre-fort numérique sécurisé, conforme aux normes européennes, est aujourd’hui la meilleure pratique.

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Une application à tous les types de baux

La dématérialisation concerne l’ensemble des contrats locatifs : baux meublés, vides, commerciaux ou saisonniers. Chacun doit intégrer ses spécificités : inventaire et état du mobilier dans les meublés, règles locales pour les baux touristiques, ou formalités notariales dans le cadre des baux commerciaux. Dans tous les cas, les annexes obligatoires doivent être jointes et conservées avec le bail principal.

Les logiciels immobiliers proposent désormais des solutions tout-en-un permettant d’assurer la rédaction, la signature et l’archivage sécurisé des baux. Ces outils doivent être choisis avec soin : conformité au règlement eIDAS, hébergement sécurisé des données, possibilité d’exporter les pièces en cas de changement de prestataire.

Données personnelles : vigilance RGPD

La signature numérique d’un bail implique la collecte de nombreuses données personnelles : identité, coordonnées bancaires, justificatifs de ressources. Ces informations doivent être traitées conformément au RGPD. Cela suppose de limiter la durée de conservation des données, d’en sécuriser l’accès, et d’informer le locataire de ses droits (accès, rectification, opposition).

L’absence de politique claire de protection des données peut exposer le bailleur à des sanctions de la CNIL. Les agences doivent donc mettre en place une documentation conforme et veiller à la sécurité des échanges.

En cas de litige : produire la preuve numérique

En cas de contentieux (impayé, litige sur la durée du bail), la preuve numérique repose sur plusieurs éléments : le contrat signé, les données de signature, les horodatages et, si possible, un journal retraçant chaque étape. Ces pièces sont recevables devant les juridictions civiles, qui privilégient désormais l’examen de la chaîne de confiance mise en place lors de la signature.

Les bailleurs bien équipés, disposant d’un prestataire certifié, ont donc toutes les garanties pour faire valoir leurs droits en cas de procédure.

Une pratique encadrée, un atout juridique sous conditions

En 2025, la signature électronique des baux est à la fois encadrée, reconnue et encouragée par la législation. Pour les professionnels comme pour les particuliers, elle représente un gain de temps et une modernisation bienvenue. Mais elle suppose une rigueur accrue dans la gestion des consentements, des archives et des données personnelles.

Bien conduite, la signature électronique du bail constitue une preuve solide et un gage de sécurité pour les deux parties.


Sources

Code civil, articles 1366 à 1369
Code de la consommation, articles L221-13 à L221-14
Règlement européen eIDAS 910/2014
CNIL : https://www.cnil.fr
Le Monde : « Bail numérique : comment éviter les pièges ? » (2024)

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