Après une vacance de quelques semaines, le poste de Ministre délégué au logement a été confié à Guillaume Kasbarian, le député qui avait porté un texte controversé contre les squatteurs en 2020.
Dans le remaniement ministériel du 9 janvier 2024 qui avait propulsé Gabriel Attal au poste de Premier ministre, d’aucun n’avait remarqué qu’à nouveau, aucun ministre n’avait été désigné pour le logement. C’est presque une marque de fabrique d’Emmanuel Macron et de ses Premiers ministres. Édouard Philippe comme Élisabeth Borne ont débuté leur mandat sans ministre du Logement et Gabriel Attal en a fait de même.
Mais le nouveau Premier ministre, comme ses prédécesseurs, a changé d’avis après quelques semaines. Après un intérim assuré par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et adepte d’une réforme du DPE, c’est Guillaume Kasbarian qui le 8 février 2024 a été désigné ministre délégué chargé du Logement.
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Un ministre contre la crise du logement
Natif de Marseille en 1987, Guillaume Kasbarian est diplômé de l’ESSEC, Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales. Installé en Eure-et-Loire, il entre en politique en 2016 en suivant la mouvance d’Emmanuel Macron. Il est élu député en juin 2017.
Le logement est un domaine qui a toujours préoccupé le nouveau ministre. En 2019, il s’efforce de supprimer du projet de loi énergie-climat une contribution de 5% sur les ventes de passoires thermiques, estimant que cette taxe contribuerait à des inégalités territoriales et sociales. Libéral assumé, favorable au libre-échange, membre du printemps républicain, Guillaume Kasbarian milite aussi pour la réintroduction des pesticides néonicotinoïdes.
Mais c’est surtout en octobre 2020 que son nom fait la une des gazettes politiques avec un amendement controversé où il souhaite durcir la législation contre les squatteurs. Cette fameuse loi anti-squat avait été adoptée par l’Assemblée nationale, mais censurée par le Conseil constitutionnel. La polémique est restée très présente dans les mémoires et la surprise fut grande quand on annonça le nom de Guillaume Kasbarian comme ministre du logement.
A l’assaut du DPE
Le nouveau ministre ne manque pas de défis, ni de projets. Le logement en France est confronté à une crise durable. Le pays compte plus de 300.000 SDF, un chiffre qui a doublé en dix ans. Il dénombre également plus de quatre millions de mal logés et au moins deux millions et demi de personnes en attente d’un logement social.
Quand il a présenté son plan de route dans l’interview qu’il a donné pour RTL le 12 janvier, Guillaume Kasbarian a annoncé qu’il s’emploiera à augmenter l’offre locative en simplifiant certaines procédures et en aidant les demandeurs sur le plan financier. Il promet ainsi 30.000 nouveaux logements sur trois ans dans une vingtaine de régions.
Le ministre confirme l’annonce du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France à propos de la simplification du DPE, diagnostic de performance énergétique, dont la pertinence est très discutée pour les logements de petite taille. Les deux hommes estiment que 140.000 logements classés F ou G peuvent être réhabilités en modifiant les règles de calcul jugées inadaptées.
Rassurer les propriétaires
Guillaume Kasbarian souhaite également se lancer dans la bataille contre les logements vacants, dont il estime le nombre à trois millions, un chiffre qui a augmenté de 60% en vingt-cinq ans. Le ministre estime que les propriétaires ont perdu confiance et que la législation n’est pas assez dissuasive envers les locataires qui cumulent les impayés.
Le problème du squat revient inévitablement dans ses propos. Le ministre trouve injuste que l’on tolère qu’une personne ne paie pas son loyer. Il se place résolument du côté des propriétaires, estimant que ceux-ci détiennent la clé d’un renouveau du marché immobilier. A condition qu’on leur donne confiance, tient-il à préciser.
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