4% en moyenne sur 20 ans. La courbe des intérêts des prêts pour l’acquisition de logements continue de fléchir depuis la baisse entamée il y a quelques semaines. Une bonne nouvelle pour les acquéreurs qui désespéraient de voir leur crédit s’alléger. Cette valeur constatée par le site de courtage Meilleurtaux.com pour le mois de mai confirme aussi les résultats publiés par Cafpi et Empruntis. Mais attention, pour les prêts dont la durée est supérieure à 20 ans, la hausse se maintient (4,71 % sur 25 ans contre 4,48% constatés en janvier chez Meilleurstaux.com, par exemple). De ce point de vue, la situation reste toujours aussi défavorable aux primo-acquérant, en général de jeunes couples, contraints d’emprunter sur du long terme et qui rencontrent de fortes difficultés pour obtenir un prêt. Un facteur certainement à prendre en compte dans la baisse de la production de crédits de 32,2%, en glissement depuis le début de l’année, selon l’observatoire Crédit Logement/CSA.
Frilosité des acteurs du marché
Plusieurs facteurs conjugués expliquent la baisse des volumes des crédits, directement impactée par un marché de l’immobilier qui tourne au ralenti avec des banques qui jouent la prudence, et des potentiels acquéreurs frileux. Selon Meilleurtaux.com, plusieurs données appuient cette thèse. Si le courtier constate une hausse de 4 % du nombre de dossiers déposés chez lui au premier trimestre 2012 par rapport au premier trimestre 2011, il note aussi un recul de 20 % des dossiers déposés avec compromis signé (ou sur le point de l’être). Autrement dit, cela signifie que les acquéreurs préparent leur financement avec beaucoup plus d’avance pour être certains d’obtenir un crédit. Par ailleurs, ils font leur demande quand le taux d’intérêt leur semble le plus avantageux. Enfin, si l’augmentation du volume de dossiers enregistrés est bien réelle, elle touche néanmoins les régions de manière très inégale : +15% en Alsace par exemple mais -5% en Ile-de-France. La baisse en région parisienne s’explique notamment par les prix de l’immobilier qui restent les plus onéreux. En conséquence, les Franciliens sont ceux dont les besoins de financement sont aussi les plus élevés. Moins clients de prêts courts, ils ne bénéficient donc pas de l’embellie des taux.
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Un contexte instable
La mollesse du marché s’explique par ailleurs par l’environnement politico-économique. Aucun courtier ne se risque en effet pour le moment à prétendre que la chute des taux va se poursuivre ou qu’elle toucherait les prêts plus longs. Les acquéreurs, quant à eux, attendent pour beaucoup que la tendance baissière des prix de l’immobilier se confirme, voire s’accentue pour faire la meilleure affaire. Ajoutez à ce contexte, des conditions d’obtention de financement par les banques toujours aussi strictes et on obtient une situation d’attentisme et de prudence réciproque. Comme l’indique Sandrine Allonier, responsable des études économiques du courtier Meilleurtaux.com, citée par Paris-Match « : « Le contexte est si tendu, avec les annonces de plans de licenciement, que les banques regardent attentivement le secteur d’activité et la situation de l’employeur. Elles refusent également un crédit à un médecin qui vient de s’installer [..]. Elles veulent conserver le très faible taux français de non-remboursement, à 0,2 %. » Et pourtant, effectivement, à 0,2 % de non remboursement, l’emprunteur français est un excellent payeur.
Certes les taux baissent mais ce n’est pas un argument suffisant pour redonner confiance aux différents acteurs du marché et relancer l’activité, toujours atone. Les actions du nouveau Président de la République et de son gouvernement devront donc être à la hauteur pour relever un secteur de l’immobilier dont la santé dépend largement de la situation économique générale.
Patrick Chappey – © 2012 Gererseul.com
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