Mon locataire me donne congé puis se rétracte : que faire ?

Recevoir un congé de la part de son locataire, puis apprendre quelques jours plus tard qu’il souhaite finalement rester, est une situation plus fréquente qu’on ne le pense.

Entre les règles juridiques strictes, les enjeux de relocation et les questions financières, les bailleurs se demandent souvent s’ils ont l’obligation d’accepter cette rétractation ou s’ils peuvent maintenir le départ du locataire.

Pour éviter les erreurs et sécuriser les décisions, il est indispensable de comprendre précisément le cadre légal. Voici un dossier complet, à jour des règles 2025.

Congé donné par le locataire : quelles sont les règles ?

Pour être valable, le congé du locataire doit respecter plusieurs conditions. Le cadre est fixé par l’article 15 de la loi du 6 juillet 1989, qui encadre les baux d’habitation.

Le congé doit d’abord être donné par écrit, sous l’une des formes acceptées par la loi : lettre recommandée avec accusé de réception, acte d’huissier ou remise en main propre contre émargement.

Ensuite, le locataire doit respecter un préavis, généralement de trois mois, réduit à un mois dans certains cas (zone tendue, mutation professionnelle, perte d’emploi, raisons de santé, premier emploi…).

Les 3 critères qui rendent un congé valable :

  • Il est formulé par écrit avec une date certaine.
  • Il respecte un délai de préavis conforme à la loi.
  • Il est notifié selon une forme légale (LRAR, huissier, remise en main propre).

Une fois ces conditions réunies, le congé devient en principe irrévocable. Le locataire ne peut donc pas revenir en arrière sans l’accord du bailleur.

Le locataire peut-il annuler son congé ? Ce que dit la loi

La loi est très claire : aucun texte n’autorise le locataire à se rétracter après avoir donné congé.

Dès que le bailleur reçoit le courrier, le congé produit des effets juridiques. Le préavis commence à courir et la date de départ est fixée.

Cette irrévocabilité vise à protéger le bailleur, qui peut légitimement commencer les démarches pour relouer le logement : recherches de locataires, visites, sélection des dossiers, publication d’une annonce.

Conséquences immédiates d’un congé donné par le locataire :

  • Le préavis démarre à la date de réception du congé.
  • Le locataire reste redevable du loyer jusqu’à la fin du préavis.
  • Le bail prend fin automatiquement à la date prévue, sauf accord contraire écrit.

En d’autres termes, la rétractation n’a aucun effet juridique si le bailleur ne l’accepte pas.

Rétractation du locataire : les cas où le bailleur peut accepter

Même si la loi ne prévoit pas de droit de rétractation, le bailleur reste libre d’accepter ou non un changement d’avis.
Il n’y est jamais obligé.

Si tu choisis d’accepter, il est impératif de formaliser cette décision par écrit afin d’éviter toute ambiguïté future, notamment si tu avais déjà prévu des visites ou trouvé un futur locataire.

Avant d’accepter la rétractation, le bailleur doit vérifier :

  • Que le logement n’a pas déjà été reloué ou réservé à un autre candidat.
  • Qu’aucun engagement écrit n’a été signé avec un nouveau locataire.
  • Que l’accord est clair : congé annulé, bail poursuivi, loyer inchangé.

Un simple échange verbal ne suffit pas : il faut un écrit signé par les deux parties, daté, et conservé avec le bail.

Quand le bailleur refuse la rétractation : droits et démarches

Le bailleur peut parfaitement refuser la rétractation, et ce sans justification particulière. La loi est de son côté.

Dans ce cas, rien ne change : le congé reste valable et le locataire doit partir à la date prévue. Il reste tenu de payer le loyer et les charges pendant tout le préavis, même s’il souhaite finalement rester.

Le bailleur peut également organiser les visites en vue de relouer le logement, dans la limite de deux heures par jour ouvrable, sauf clause différente dans le bail.

Démarches à suivre en cas de refus d’annuler le congé :

  • Informer le locataire par écrit que la rétractation n’est pas acceptée.
  • Rappeler la date de fin de préavis et les obligations financières.
  • Planifier les visites et préparer la relocation.

Concernant le dépôt de garantie, s’il souhaite rester mais que le bailleur refuse, aucun nouveau dépôt de garantie n’est exigible : le bail existant est simplement amené à se terminer.

Rétractation du locataire : les scénarios les plus fréquents

Dans la pratique, plusieurs situations expliquent qu’un locataire se rétracte.
Certaines sont légitimes, d’autres peuvent créer des tensions avec le bailleur.

Un changement professionnel imprévu peut amener un locataire à rester. L’annulation peut aussi venir d’un refus de prêt, d’une mutation annulée, ou d’un logement finalement indisponible.

D’autres fois, la rétractation intervient après que les visites ont commencé, ce qui peut générer du mécontentement chez les candidats et compliquer la gestion.

Réactions adaptées selon le motif de rétractation :

  • Si le locataire invoque un motif sérieux : accepter peut faciliter une continuité sereine du bail.
  • Si le logement est déjà reloué : impossible d’accepter, au risque d’un litige avec le nouveau locataire.
  • Si les visites ont commencé : refuser permet d’éviter de redémarrer une procédure complexe.

Le bailleur peut aussi accepter sous conditions (augmentation de loyer en zone non encadrée, réalisation de petites réparations…). Cela reste légal si les deux parties sont d’accord.

Comment se protéger en amont ? Bonnes pratiques pour éviter les conflits

Pour éviter les situations inconfortables où le locataire change d’avis, certaines bonnes pratiques permettent d’encadrer clairement les étapes et de sécuriser la relation.

Commencer par exiger un congé écrit est indispensable. Il est tout aussi important de confirmer la réception du congé et de rappeler immédiatement la date de fin du bail et les obligations du locataire.

Une communication claire évite les malentendus, notamment sur la durée du préavis, les visites et le départ.

Réflexes que tout bailleur devrait adopter :

  • Demander un congé écrit systématique et archiver le document.
  • Répondre par écrit au locataire pour formaliser dates et obligations.
  • Lancer rapidement la recherche d’un successeur pour limiter la vacance.
  • Ne jamais annuler un congé sans un écrit signé par les deux parties.

Une gestion rigoureuse permet de protéger ses droits et d’éviter les situations juridiques floues, souvent sources de conflits.

Un locataire qui donne congé puis se rétracte ne dispose d’aucun droit automatique pour annuler sa décision.
Le bailleur reste totalement libre d’accepter ou de refuser.

Le congé, dès sa réception, est irrévocable, sauf accord mutuel formalisé par écrit.
Connaître ce principe est essentiel pour éviter les disputes, sécuriser ses démarches et protéger son investissement locatif.

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