Diagnostic surface habitable (loi Boutin) : calcul, obligations et erreurs à éviter

La surface habitable, dite loi Boutin, doit obligatoirement figurer dans le bail d’un logement loué en résidence principale. Elle influence la transparence de l’annonce, le loyer au m², parfois l’encadrement des loyers, et peut être utilisée pour le DPE. En cas d’erreur importante (écart > 1/20) ou d’absence de mention, le locataire peut obtenir une réduction du loyer et des rétrofacturations.

Loi Boutin : définition, obligation d’information et logements concernés

La loi impose d’indiquer la surface habitable dans les baux d’habitation utilisés pour une résidence principale, qu’il s’agisse d’une location vide ou meublée. La surface habitable correspond aux surfaces de plancher des pièces destinées à l’habitation, déduction faite :

  • des murs et cloisons
  • des marches/escaliers
  • des gaines techniques
  • des embrasures
  • des parties dont la hauteur < 1,80 m

Elle exclut : caves, sous-sols, garages, remises, balcons, terrasses, loggias, vérandas non habitables, combles non aménagés.

Ne sont pas concernés : locations saisonnières, résidences secondaires, conventions hors résidence principale.

Quand refaire le mesurage ? Validité & travaux impactants

Le mesurage reste valable tant que la configuration du logement ne change pas. Il doit être refait si des travaux modifient la surface :

  • création ou suppression de cloisons
  • aménagement de combles ou mezzanines
  • surélévation
  • isolation intérieure réduisant la surface utile
  • transformation d’une véranda en pièce habitable

Tout changement de volume implique un nouveau mesurage et une mise à jour du bail et de l’annonce.

Diagnostic vs simple mention : ce que la loi impose vraiment

La loi n’impose pas un “diagnostic” normé mais la mention exacte de la surface habitable dans le bail.

  • Bailleur : peut mesurer lui-même (rigueur indispensable)
  • Professionnel : recommandé, attestation fournie, meilleure sécurité juridique

Conserver les preuves : croquis cotés, relevés, photos, attestation.

Surface habitable vs Loi Carrez vs Surface utile : différences

Critère Surface habitable (Loi Boutin) Surface Carrez Surface utile (SU)
Objet Surface de plancher habitable (h ≥ 1,80 m), hors murs/cloisons. Surface privative des lots clos/couverts (h ≥ 1,80 m). SH + 50 % des annexes (selon règles fiscales/réglementaires).
Usages Location résidence principale. Vente de lots en copropriété. Plafonds fiscaux, dispositifs (ex. Pinel).
Pièces comptées Séjour, chambres, cuisine, SDB, dégagements ≥ 1,80 m. Locaux clos/couverts ≥ 1,80 m. SH + annexes pondérées.
Pièces exclues Caves, garages, terrasses, balcons, vérandas, combles non aménagés. Caves, parkings, lots non habitables.
Sanctions Surface réelle < indiquée de > 1/20 → baisse de loyer. Surface réelle < indiquée de > 5 % → baisse du prix. Redressements dans certains dispositifs.

Impacts pratiques : loyer au m², encadrement, annonces

La surface habitable sert à :

  • définir le loyer au m²
  • respecter l’encadrement des loyers
  • décrire fidèlement le bien en annonce

En cas de surestimation, risque de dépassement du plafond légal et demande de diminution du loyer.

Ce qui compte / ne compte pas dans la surface habitable

Inclus (h ≥ 1,80 m)

  • séjour, chambres
  • cuisine
  • salle d’eau, WC
  • dégagements
  • placards intégrés

Exclus

  • murs, cloisons
  • escaliers, marches
  • gaines techniques
  • caves, sous-sols
  • garages, remises
  • balcons, terrasses, loggias
  • vérandas non habitables
  • combles non aménagés
  • toutes surfaces < 1,80 m

Cas particuliers

  • Sous-pentes : seule la projection au sol ≥ 1,80 m compte.
  • Mezzanines : incluses si stables, accessibles et ≥ 1,80 m.
  • Placards intégrés : inclus si hauteur ≥ 1,80 m.
  • Combles aménagés : partie ≥ 1,80 m comptée.
  • Véranda chauffée : en principe exclue, sauf transformation validée en pièce habitable.

Comment calculer la surface habitable : méthode pas à pas

Préparation

  • réaliser un plan ou croquis
  • identifier sous-pentes, obstacles, placards maçonnés
  • utiliser un mètre laser

Mesurer pièce par pièce

Surface = longueur × largeur, en retirant les éléments exclus. Pour les pièces irrégulières, diviser en segments rectangulaires et triangles.

Exemples

T2 sous combles

  • Séjour au sol : 28 m² → 19 m² ≥ 1,80 m
  • Chambre : 10,2 m²
  • Cuisine : 6 m²
  • Salle d’eau : 3,4 m²
  • Dégagement : 2,1 m²

Surface habitable = 40,7 m²

Studio + mezzanine

  • Pièce principale : 18,6 m²
  • Cuisine : 2,8 m²
  • Salle d’eau : 2,1 m²
  • Mezzanine : 4 m² ≥ 1,80 m (2 m² exclus)

Surface habitable = 27,5 m²

Qui peut mesurer ? Prix, preuves & sécurité juridique

Mesurage par soi-même

Avantages : gratuit, rapide. Risques : erreurs menant à une baisse de loyer, litiges. Conserver croquis, photos, relevés laser.

Mesurage par un professionnel

Coût : 50 à 120 € selon localisation et mutualisation avec d’autres diagnostics. Fournit une attestation engageant sa responsabilité.

Erreurs fréquentes et comment les éviter

  • Compter des surfaces < 1,80 m
  • Inclure balcons/loggias/vérandas
  • Oublier de déduire cloisons, gaines, embrasures
  • Mauvaise gestion des sous-pentes/mezzanines
  • Absence de mise à jour après travaux

Sanctions et recours en cas d’erreur ou absence de mention

Erreur > 1/20 (≈5 %)

Le locataire peut obtenir une baisse du loyer proportionnelle et une restitution des trop-perçus.

Absence de mention

Le bailleur s’expose à un litige et à une révision du loyer.

Procédure

Contestations par écrit → mesurage contradictoire → conciliation → juge. Prescription : 5 ans.