Canalisation bouchée : locataire ou propriétaire ? Qui paie, qui intervient ? (guide complet)

Canalisation qui glougloute, évier qui ne s’écoule plus, WC qui débordent… En location, l’enjeu n’est pas seulement de déboucher vite : c’est surtout de déterminer qui paie. Tout dépend de deux critères : se situe le bouchon (intérieur du logement, colonne commune, extérieur) et pourquoi il s’est formé (usage, vétusté, vice, racines…). Ci-dessous, une méthode claire pour attribuer la responsabilité et éviter les litiges.

Réponse rapide

Bouchon d’usage dans le logement (cheveux, graisses, lingettes, papier inadapté…) → locataire (entretien courant – décret 26 août 1987).

Défaut de conception, vétusté, corrosion, contre-pente, racines, affaissementpropriétaire (logement en bon état – art. 1719 C. civ., loi 1989).

À lire : Logement : comment calculer votre taux d’effort ?

Parties communes (colonne d’évacuation, collecteurs) → copropriété via le syndic ; le bailleur reste l’interlocuteur du locataire.

Doute ? Inspection caméra ou rapport technique pour trancher.

Qui paie ? La méthode “lieu + cause”

À l’intérieur du logement

Évier, douche, baignoire, WC, siphons : tout bouchon lié à l’usage courant relève du locataire. Démontage de siphon, ventouse, furet… Si le point rebouche régulièrement, suspicion de vice (pente, diamètre) → propriétaire.

Vétusté / vice / défaut structurel

Conduites poreuses, contre-pente, corrosion, racines, affaissement, défaut de pose : diagnostic par caméra → propriétaire.

À lire : Mon propriétaire vend et je ne trouve pas de logement

Parties communes (copropriété)

Colonne d’évacuation, collecteurs : déclaration au bailleur, qui saisit le syndic. Prise en charge par la copropriété.

Conduite extérieure d’une maison individuelle

Jusqu’au branchement public : propriétaire, sauf faute avérée du locataire.

En cas d’incertitude

Hydrocurage + inspection caméra pour localiser le bouchon et en déterminer la nature.

Responsabilité : preuves, rapports, traçabilité

Quand l’origine n’est pas évidente, seule la preuve technique vaut. Demandez une fiche d’intervention détaillée : point d’accès, localisation du bouchon (mètres), nature (graisses, lingettes, racines…), photos/vidéos caméra.

À lire : Peinture après 5 ans de location : droits du locataire, obligations du bailleur, qui paie quoi ?

En copropriété, prévenir immédiatement le bailleur pour transmission au syndic (colonne commune suspectée si plusieurs logements impactés).

Quelques marqueurs :

  • Bouchon organique récent → locataire.
  • Rebouchages répétés au même point → suspicion de vice → propriétaire.
  • Racines/affaissement → vétusté → propriétaire.
  • Colonne encrassée → copropriété.

En cas de travaux récents : mobiliser garanties parfait achèvement (1 an), biennale (2 ans), décennale (10 ans).

Procédure côté locataire : agir vite et correctement

1. Signaler immédiatement

Décrivez la panne, joignez photos/vidéos. Mail + SMS, puis recommandée si réponse tardive.

2. Sécuriser et limiter les dégâts

Éviter tout rejet, protéger les sols, déclarer un éventuel dégât des eaux (5 jours).

3. Intervention : accord ou urgence

— Pas d’urgence : demander accord du bailleur.
— Urgence (WC unique inutilisable, refoulement, fuite active) : intervenir immédiatement, facture détaillée obligatoire.

4. Qualifier la cause

Pour tout doute : hydrocurage + caméra.

5. Demander prise en charge / remboursement

Courrier récapitulatif + facture + rapport. En copro, demande au bailleur de saisir le syndic.

6. Logement partiellement inutilisable

Demander réduction de loyer, remboursement de frais d’appoint/hébergement.

7. En cas d’inaction

Mise en demeure → CDC → référé tribunal judiciaire.

Procédure côté bailleur : qualifier, intervenir, trancher

1. Qualification immédiate

Demander photos/vidéos, vérifier si plusieurs logements touchés.

2. Organiser l’intervention

Plombier avec compte rendu technique + photos. En cas de récidive : hydrocurage + caméra.

3. Côté copropriété

Saisir le syndic dès indice de colonne commune.

4. Décider la prise en charge

  • Usage courant → locataire.
  • Vétusté/vice → propriétaire.
  • Parties communes → copropriété.

5. Jouissance paisible

Mesures provisoires, réduction de loyer si nécessaire.

6. Assurances et recours

Déclaration incendie/dégât des eaux, activation garanties travaux.

7. Prévenir les récidives

Curage préventif, notice d’usage, crépines, clapet anti-retour si besoin.

Tarifs & barèmes : combien coûte un débouchage ?

  • Débouchage simple : 100–150 €
  • Hydrocurage : 250–400 €
  • Inspection caméra : 150–300 €
  • Majoration urgence : +50 à +100 %
  • Déplacement : 20–60 €

Demandez toujours une facture détaillée (point d’accès, localisation, nature du bouchon, photos). Les produits chimiques sont à éviter : risques pour joints/PVC.

Qui paie ? Récapitulatif

Locataire : bouchon d’usage courant dans le privatif.

Propriétaire : vétusté, défaut, contre-pente, racines, canalisations extérieures.

Copropriété : partie commune (colonne/collecteurs).

Prévention & entretien

Côté locataire

  • Pas de lingettes, graisses, tampons, litière…
  • Nettoyage siphons mensuel ; eau chaude ; usage modéré de produits chimiques.
  • Crépines dans douche/évier.

Côté bailleur / copro

  • Curage préventif (annuel/bisannuel).
  • Contrôle des pentes, entretien des conduites extérieures.
  • Clapet anti-retour en pièce basse.

Signaux d’alerte

Écoulements lents récurrents, glou-glou multiples, remontées par bonde, odeurs persistantes → diagnostic caméra recommandé.

Assurances : qui couvre quoi ?

Assurance habitation du locataire

Responsabilité civile locative, recherche de fuite, assistance (plafonds). Débouchage d’entretien : rarement couvert.

Assurance PNO du bailleur

Couvre dommages immobiliers et recherche de fuite. Intervient si le locataire n’est pas en faute.

Multirisque immeuble (copropriété)

Couvre les parties communes. Le curage préventif relève du budget copropriété.

Convention IRSI

Régit l’indemnisation des dégâts des eaux (pas le débouchage). L’assureur gestionnaire indemnise puis exerce les recours.

Travaux récents & assurances construction

Garantie décennale si vice structurel (contre-pente, rupture, affaissement). Procédure par LRAR + rapport caméra.

Bon réflexe documentaire

Conserver : rapport d’intervention, photos/vidéos caméra, factures détaillées, échanges écrits. Indispensable pour imputation, remboursements, recours et indemnisati

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