Dans une location, la porte d’entrée n’est pas un simple élément de menuiserie : elle conditionne la sécurité, la décence et le confort thermique/phonique du logement. La réglementation ne vous impose pas forcément une serrure 3 points, mais elle exige une porte en bon état, qui ferme correctement et protège les occupants. Ce guide clarifie les obligations du bailleur, les petites réparations du locataire, les délais d’intervention en cas d’incident et les bons réflexes (copropriété, effraction, assurances).
Ce qu’il faut retenir
- Pas d’obligation légale de serrure 3 points, mais porte sécurisée et fonctionnelle requise (décence).
- Bailleur : conformité, réparations liées à vétusté/vice, remise en état après sinistre (hors faute du locataire).
- Locataire : entretien courant (graissage, petites pièces), clés/cylindre perdus, dégradations qu’il cause.
- En cas d’urgence (porte qui ne ferme plus, effraction) : intervention sans délai, solutions provisoires et, si besoin, indemnisation pour perte de jouissance.
Cadre légal & décence : ce que la loi impose
Textes clés et principes
La loi du 6 juillet 1989 (art. 6) impose au bailleur de délivrer un logement décent, doté d’équipements en bon état de fonctionnement. Le décret “décence” précise que le logement doit assurer la sécurité des occupants et une protection contre les intrusions et les intempéries. Appliqué à la porte d’entrée, cela signifie : une huisserie saine, une fermeture à clé opérationnelle, et l’absence de défaut manifeste mettant en cause la sécurité (jeu important, tôle/bois affaibli, serrure inopérante).
En pratique, la réglementation laisse une marge d’appréciation : aucune obligation générale d’installer une serrure multipoints, mais le niveau de sécurité doit être adapté au contexte (RDC exposé, parties communes sensibles, etc.). Si la porte n’offre pas un niveau raisonnable de protection, le bailleur doit la remettre à niveau.
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À quoi ressemble une porte “conforme” en location ?
Une porte conforme est solide, correctement alignée dans son bâti, ferme et se verrouille sans forcer. Elle ne doit pas laisser passer l’air de manière anormale (jour important, joints inexistants) ni présenter de défaut structurel (voilage, panneau cassé, tôle enfoncée) nuisant à la sécurité et au confort. Côté isolation, on attend a minima des joints d’étanchéité en état, un seuil correct et un cylindre fonctionnel (clé retirée sans blocage).
Si l’air passe visiblement ou si la serrure accroche au point de menacer la fermeture, on risque la non-décence : le bailleur doit réparer (réglage, joints, remplacement de serrure) ou remplacer la porte si la vétusté ou un vice l’exige.
Preuves & traçabilité (à sécuriser dès le départ)
Tout se joue dans les documents : un état des lieux d’entrée précis (photos nettes de la porte, du chant, du barillet et du seuil), puis factures/rapports d’artisans en cas d’intervention. En sortie, un état des lieux tout aussi détaillé permet d’attribuer équitablement les responsabilités (vétusté à la charge du bailleur vs. dégradations imputables au locataire).
Conservez aussi les échanges écrits (mails, LRAR) : ils matérialisent les signalements, les délais annoncés et les décisions (réparation, remplacement, mise en sécurité).
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Sécurité & serrures : que faut-il prévoir ?
Serrure 1 point vs multipoints
La loi n’impose pas une serrure 3 points. En revanche, la porte doit offrir un niveau de sécurité proportionné au contexte : RDC, façade sur rue, parties communes peu sécurisées, local à vélos voisin, etc.
- 1 point peut suffire dans un immeuble sécurisé (digicode/interphone, bonne porte palière).
- Multipoints (3, 5 points) conseillé en zones exposées : meilleure résistance à l’effraction et souvent mieux perçue par les assureurs.
Pensez aussi à l’état de la huisserie (jeux, affaissement) : une excellente serrure ne compensera jamais un bâti fatigué.
Accessoires utiles
Des compléments simples renforcent la sûreté sans gros travaux :
- Entrebâilleur / chaîne : ouvre-porte sécurisé lors des remises de colis ou d’interventions.
- Œilleton (judas) grand angle : vérification visuelle avant ouverture.
- Cylindre normé (ex. EN 1303) et, si possible, clés protégées (carte de propriété) pour éviter les duplications sauvages.
- Platine anti-arrachement et poignée blindée : limitent les attaques sur le cylindre.
À prévoir en priorité pour les logements en RDC ou en bout de coursive. En copropriété, les équipements de contrôle d’accès (porte d’immeuble, interphone) relèvent des parties communes : alertez le syndic si ces dispositifs sont défaillants.
Changement de barillet : règles, doubles, confidentialité
Qui décide/paye ?
- Vétusté / dysfonctionnement / mise en sécurité : à la charge du bailleur (remise en état pour rester conforme à la décence).
- Perte/vol de clés, clé cassée par maladresse, cylindre forcé par le locataire : à la charge du locataire.
- Effraction : prise en charge assurance habitation du locataire (risques locatifs) et/ou PNO du bailleur selon les garanties.
Le locataire peut-il changer le cylindre ? Oui, à ses frais, sans autorisation préalable, à condition de ne pas dégrader la porte. En fin de bail, il laisse le barillet en place ou remet l’ancien en état.
Remise des clés : remettre tous les jeux fournis au départ (et ceux réalisés ensuite si le bailleur a pris en charge le changement). Le bailleur n’entre jamais sans accord (hors urgence avérée).
Confidentialité : ne jamais étiqueter une clé avec l’adresse complète ; privilégier les clés protégées avec carte de reproduction.
Isolation & confort (thermique/phonique)
Décence & confort : joints, seuil, battement, ponts thermiques
Une porte d’entrée « décente » limite les déperditions de chaleur et les bruits du palier. Concrètement, le vantail doit affleurer correctement le bâti (bon battement), et le joint périphérique doit assurer une compression continue en haut, sur les montants et en pied. Un seuil adapté (barre de seuil, seuil à la parisienne ou joint de bas de porte à chute automatique) supprime l’espace sous la porte, point de fuite d’air et de bruit le plus fréquent.
Côté thermique, traquez les ponts thermiques : huisseries métalliques non interrompues, absence de rupture entre intérieur/extérieur, boîtes aux lettres intégrées non isolées. Une âme pleine (ou panneau mieux isolé) limite à la fois le froid et la transmission sonore. Le confort perçu s’améliore vite avec : réglage des paumelles (alignement), pose de joints tubulaires neufs et d’un bas de porte efficace ; à défaut, les radiateurs travaillent davantage et le palier « s’invite » dans le logement.
Quand le bailleur doit intervenir : infiltrations d’air visibles, jour important, fuite acoustique manifeste
Le bailleur doit agir dès qu’apparaissent des infiltrations d’air visibles (lames de lumière au pourtour, jour important sous la porte), des courants d’air ressentis au passage de la main, ou une fuite acoustique évidente (on comprend nettement les conversations du palier porte close). Des tests simples objectivent la situation : test de la feuille (elle glisse sans résistance entre porte et bâti), test flamme/fumée (déviation nette), ou présence de poussières/noircissements le long des joints.
L’intervention consiste au minimum à remplacer/compléter les joints, poser ou régler un seuil (ou un bas de porte à chute), reprendre les réglages (jeu, affaissement) et, si besoin, remplacer le vantail ou le cylindre par un modèle plus isolant. Ces corrections relèvent de l’obligation d’entretien du bailleur pour garantir un logement conforme à la décence (confort thermique minimal et absence de nuisances excessives).
Réparations : qui paie quoi ?
À la charge du locataire : entretien courant (graissage), clés/cylindre perdus, menues réparations
Relèvent des réparations locatives l’entretien et les petites remises en état : graissage des serrures/paumelles, resserrage de vis, remplacement des petites pièces (ressorts, poignées, butées), pose ou changement d’un joint tombé, nettoyage et dégagement du seuil. La perte ou la détérioration des clés et le remplacement du barillet/cylindre pour cause de clés perdues/volées sont également à la charge du locataire. En cas de blocage dû à un défaut d’entretien (lubrification jamais faite, objets coincés), l’ouverture par serrurier reste à sa charge.
À la charge du bailleur : vétusté, vice, déformation de porte, huisserie à remplacer, sécurité insuffisante
Sont dus par le bailleur tout ce qui dépasse la simple maintenance : usure normale (vétusté) d’une serrure ou d’un ferme-porte, déformation du vantail ou du bâti, désaffleurement structurel nécessitant réglage de paumelles, remplacement de l’huisserie ou de la porte, mise en conformité sécurité/isolement quand la porte n’assure plus une fermeture correcte (jeu important, jour visible, infiltration d’air manifeste).
Les défaillances matérielles récurrentes sans faute du locataire (cylindre qui grippe malgré l’entretien, crémone fatiguée, serrure obsolète) et les réparations liées à un vice de construction incombent également au propriétaire.
Méthode : diagnostic écrit, devis comparés, répartition documentée
Procédez en trois temps :
- Diagnostic écrit : décrivez les symptômes (jeu, jour, blocage), joignez photos/vidéos et mentionnez les essais réalisés (lubrification, réglage).
- Devis comparés : sollicitez 2–3 devis (serrurier/menuisier) distinguant clairement ce qui relève de l’entretien courant et ce qui exige une réparation lourde.
- Répartition documentée : validez par écrit la part locataire/bailleur en vous appuyant sur l’état des lieux, l’âge de la porte/serrure et le diagnostic.
En cas d’avance de frais, précisez le remboursement et conservez factures et pièces déposées. En désaccord persistant, saisissez l’ADIL pour un avis, puis la CDC (conciliation) avant, si nécessaire, le juge.
Effraction, vandalisme, sinistre : qui déclare et qui indemnise ?
Assurances : MRH locataire, PNO bailleur ; franchises et recours
En cas de porte fracturée ou vandalisée, l’assurance habitation du locataire (MRH) intervient en priorité lorsque le contrat inclut la garantie vol/vandalisme et les risques locatifs (dégâts causés au logement). Elle prend en charge la réparation/remplacement de la serrure/porte, déduction faite de la franchise et dans les limites de garantie (plafonds, exclusions, conditions de sécurisation).
Le propriétaire non occupant (PNO) couvre le bailleur pour les dommages au bâti et aux équipements lorsque le sinistre n’est pas garanti par la MRH du locataire (locataire non assuré, défaut de garantie, recours infructueux) ou en complément (différence d’indemnisation). L’assureur qui indemnise pourra exercer un recours contre l’auteur identifié de l’effraction, contre un tiers responsable, voire contre la copropriété si un défaut d’équipement commun est avéré.
Parcours : dépôt de plainte, photos, constat, déclaration, sécurisation provisoire
Dès constat de l’effraction : sécuriser le logement (serrure provisoire, planchement si nécessaire) et documenter : photos datées, vidéos, témoignages, facture(s) d’urgence. Le locataire doit déposer plainte (commissariat/gendarmerie) et obtenir un récépissé, puis déclarer le sinistre à son assureur dans le délai contractuel (généralement 5 jours ouvrés) en joignant plainte, photos, constat éventuel du serrurier et devis. Le bailleur fait de même auprès de sa PNO si son intervention est probable ou à titre de déclaration conservatoire.
Bon réflexe : coordonner locataire–bailleur pour éviter les doublons et choisir un artisan agréé si l’assureur l’exige. Les travaux provisoires (mise en sécurité) sont autorisés sans attendre l’expert ; les travaux définitifs se font après feu vert (accord chiffré ou passage d’expert).
Restitution des frais : remplacement à l’identique ou mieux-disant
L’indemnisation suit le contrat applicable : MRH du locataire en premier ressort, PNO du bailleur en second ressort ou en absence de couverture MRH, puis recours contre le responsable. Le remboursement couvre : main-d’œuvre, pièces, déplacement, sécurisation provisoire, selon les plafonds et la valeur retenue (valeur d’usage, remplacement à neuf, coefficient de vétusté).
La règle est le remplacement à l’identique (ou équivalent). Un passage en “mieux-disant” (ex. passage de 1 point à multipoints ou ajout d’une plaque anti-arrachement) est accepté si :
- il est imposé par l’assureur, la copropriété ou une norme de sécurité ;
- ou il reste financièrement équivalent à l’option d’origine (devis comparatifs à l’appui).
À défaut, le surcoût reste à la charge de la partie qui souhaite l’amélioration. Conservez toutes les pièces (devis, factures, barillets/cylindres déposés) pour faciliter le règlement et d’éventuels recours.
Urgences d’accès & délais d’intervention
Porte bloquée/bris de serrure : dépannage immédiat, ouverture sécurisée
En cas de porte bloquée, de clé cassée ou de serrure fracturée, l’intervention doit être immédiate pour rétablir l’accès et la sécurité. Privilégier une ouverture non destructive (crochetage/décodage) et, si impossible, un remplacement ciblé (cylindre, gâche) plutôt que le changement complet de la porte. Le locataire présente une pièce d’identité et un justificatif d’occupation (bail, quittance).
Avance des frais :
- Cause imputable au locataire (clé perdue/bris involontaire/porte claquée) → il avance et supporte les frais.
- Vétusté/défaut du matériel ou effraction → le bailleur doit prendre en charge ; à défaut d’avance possible, le locataire peut payer puis se faire rembourser.
- Parties communes (porte d’immeuble) → alerter syndic/exploitant ; l’urgence peut être gérée par le locataire ou le bailleur, mais la copropriété assumera ensuite selon responsabilités.
Bon réflexe : demander un devis (ou estimation par téléphone) et, hors heures ouvrées, limiter aux mesures provisoires (serrure de sûreté provisoire) pour éviter les surcoûts.
Cas d’empêchement du bailleur : intervention par le locataire & remboursement
Si le bailleur est injoignable ou ne peut pas intervenir assez vite et que l’accès/sécurité est en jeu, le locataire peut missionner un serrurier à coût raisonnable. Il prévient par écrit (SMS/mail) avant intervention, conserve photos, devis/facture et fait réaliser le strict nécessaire (mise en sécurité/ouverture + réparation minimale).
Lorsque la cause relève du bailleur (vétusté, vice, pièce défectueuse), celui-ci rembourse les frais engagés sur présentation des justificatifs. En cas de refus, passer par la mise en demeure puis, si besoin, conciliation (ADIL/CDC) ou juge pour obtenir le remboursement. Éviter la compensation unilatérale sur le loyer sans accord écrit.
Indemnisation : perte de jouissance
Une porte inutilisable ou une serrure neutralisée peut entraîner une perte de jouissance : impossibilité d’entrer/sortir normalement, insécurité du logement, nécessité d’hébergement ponctuel. Selon la durée et la gravité, le locataire peut demander :
- une réduction de loyer au prorata de l’indisponibilité ;
- le remboursement des frais justifiés (interventions d’urgence “raisonnables”, hébergement temporaire, déplacements additionnels) ;
- le cas échéant, des dommages-intérêts si un préjudice est établi.
Clés pour aboutir : tracer chaque étape (signalements, réponses, ordres d’intervention), proposer une solution de règlement amiable chiffrée, puis, en cas d’échec, saisir en référé pour obtenir une injonction d’exécuter (avec astreinte) et l’indemnisation adaptée.
Copropriété & parties communes
Porte palière (privative) vs porte d’immeuble (commune)
La porte d’immeuble et ses équipements (ferme-porte, ventouse, gâche électrique, interphone collectif) sont des éléments communs : entretien, réparations et remplacement relèvent du syndic pour le compte du syndicat des copropriétaires.
La porte palière est en principe privative et donc à la charge du bailleur (propriétaire du lot) pour tout ce qui concerne l’ouvrant, la serrure et l’isolation. Attention toutefois : l’aspect extérieur visible depuis les parties communes (coloris, moulures, poignée côté palier) est soumis au règlement de copropriété ; le propriétaire doit conserver l’harmonie d’ensemble et ne pas nuire à la sécurité incendie ni à l’acoustique des paliers.
Contrôle d’accès : digicode, interphone, badges
Le choix et la maintenance des dispositifs de contrôle d’accès (digicode, interphone/visiophone, badges RFID, ventouse) incombent à la copropriété via le syndic. La gestion des moyens d’accès (création/suppression de badges, changement de code, traçabilité minimale) suit des règles votées en assemblée générale : nombre de doubles autorisés par lot, procédure en cas de perte (désactivation, refacturation du badge), mise à jour périodique des codes pour limiter les diffusions sauvages.
Côté bailleur, bonnes pratiques : remettre au locataire un inventaire signé des clés/badges, conserver les numéros de série, et rappeler les consignes de sécurité (ne pas divulguer le code, ne pas caler la porte, signaler tout dysfonctionnement rapidement).
Travaux : autorisations en assemblée générale & respect du règlement
Le remplacement d’une porte palière est libre dès lors qu’il n’altère pas les parties communes ni l’esthétique du palier. Sont en général soumis à autorisation préalable : changement d’aspect extérieur (teinte, mouluration, quincaillerie visible), blindage affectant l’embrasure commune, pose d’oculus ou d’éléments saillants côté palier, modification impactant la résistance au feu ou l’acoustique des circulations.
Avant d’engager les travaux, le bailleur vérifie le règlement de copropriété, consulte le syndic, et, si besoin, fait voter la résolution (devis, fiche technique, notice feu/acoustique). En pratique, on choisit une porte conforme à l’esthétique imposée (même parement côté palier), avec performances thermo-acoustiques et sécurité (serrure certifiée) renforcées côté logement, afin de concilier protection du locataire et harmonie de l’immeuble.
Accessibilité & normes (cas applicables)
Immeubles neufs / rénovations lourdes
Dans le neuf et les rénovations “lourdes”, la porte d’entrée (d’immeuble et d’accès au logement) doit permettre un passage aisé et sécurisé aux personnes à mobilité réduite. Concrètement, on vise une largeur de passage utile confortable (portes palières souvent données pour 90 cm en tableau, soit ~83 cm de passage), un seuil réduit (idéalement ≤ 2 cm, biseauté si nécessaire) et des espaces de manœuvre dégagés côté poussant/tirant (aire de rotation devant la porte, sans obstacle).
Les poignées doivent être facilement préhensibles (levier plutôt que bouton), situées dans une hauteur accessible et l’effort d’ouverture réglé de façon raisonnable (ferme-porte ajusté).
Côté parties communes, la signalétique et le contrôle d’accès doivent être perceptibles visuellement et auditivement (interphone/visiophone, appel sonore + retour visuel), avec un contraste suffisant entre porte, dormant et quincailleries pour améliorer la lisibilité. En rénovation importante, on profite des travaux pour traiter les ponts thermiques du seuil et améliorer l’affaiblissement acoustique de la porte palière, sans modifier l’esthétique imposée par la copropriété.
Adaptations raisonnables en location
Lorsque le locataire présente un besoin spécifique (handicap, perte d’autonomie), des aménagements simples et réversibles peuvent être prévus côté logement : passage à une poignée à levier, ajout d’un entrebâilleur ou d’un œilleton à hauteur adaptée, rehausse de seuil biseautée ou mini-rampe, joints balais pour limiter les entrées d’air, carillon lumineux couplé à la sonnette.
La bonne pratique consiste à formaliser par écrit : description des adaptations, prise en charge financière, réversibilité éventuelle en fin de bail, et, si l’aspect extérieur côté palier est impacté, accord préalable du syndic/AG.
Côté financement, orientez vers les dispositifs dédiés (aides ANAH, MDPH, programmes Action Logement d’adaptation du logement). Un court diagnostic d’accès (photos, cotes, contraintes de palier) permet d’arbitrer entre amélioration immédiate du confort et respect des contraintes réglementaires/esthétiques de l’immeuble, tout en gardant une traçabilité utile en cas de turnover locatif.
Modifications par le locataire : ce qui est permis
Changer le cylindre / poser un entrebâilleur
Autorisé dès lors que l’ouvrage n’est pas altéré (perçages limités, éléments réversibles) et que la porte reste pleinement fonctionnelle. Informez le bailleur par écrit (traçabilité), conservez la facture, et remettez tous les nouveaux jeux de clés au(x) détenteur(s) légitime(s) préalables (ex. gardien si prévu pour les urgences).
En fin de bail, vous restituez l’ensemble des clés/badges et, si le bailleur l’exige, remettez le cylindre d’origine (ou un équivalent) pour revenir à la configuration initiale.
Remplacer la porte
Cela requiert l’accord écrit du bailleur et, en copropriété, le respect de l’esthétique des parties communes (teinte, moulures, huisserie) et des éventuelles exigences techniques (acoustique, coupe-feu du palier). Le devis doit préciser performances (isolation, affaiblissement acoustique), sens d’ouverture, seuil et quincailleries.
Sans autorisation, le bailleur peut exiger la remise en état à vos frais, même si la nouvelle porte est “mieux-disante”.
Fin de bail : remise en l’état initial
Toute modification unilatérale non autorisée (perçages visibles, accessoires non réversibles, changement de cylindre non restitué) doit être neutralisée avant l’état des lieux de sortie. À défaut, le bailleur peut pratiquer des retenues (réparation, repose, re-clés) sur le dépôt de garantie, sur justificatifs.
Seules les transformations acceptées par écrit (ou exigées pour la sécurité) peuvent rester en place sans remise en état.
Litiges & recours
Étapes : du signalement au juge
- Signalement écrit au bailleur (email + courrier simple) décrivant le problème (sécurité, fermeture, isolation, effraction), photos à l’appui, et demande d’intervention sous bref délai.
- Mise en demeure LRAR si absence de réponse ou de solution : délai précis, rappel des obligations, proposition de rendez-vous pour intervention, éventuelle demande de solution provisoire (serrurier, sécurisation).
- Médiation/ADIL/Commission départementale de conciliation (si le litige porte sur travaux/entretien, charges, décence) ; en copropriété, alerte au syndic pour les portes communes.
- Référé devant le tribunal compétent (procédure d’urgence) avec pièces : constats/photos, échanges, devis, attestations.
Demandes possibles devant le juge
- Injonction d’exécuter les travaux (remise en état, sécurisation, remplacement) sous astreinte par jour de retard.
- Réduction de loyer au titre de la perte de jouissance (défaut de fermeture/sécurité, infiltrations d’air importantes…).
- Dommages-intérêts pour le préjudice subi (frais de serrurier, nuits d’hôtel, matériel provisoire), sur justificatifs.
- Remboursement des dépenses avancées « utiles et nécessaires » lorsque le bailleur était tenu d’agir et dûment mis en demeure.
Bon réflexe : tenir un dossier de preuves (courriels, LRAR, photos datées, rapports d’intervention, devis/factures) et consigner un journal des faits (dates, températures, impossibilité d’usage, nuisances), qui facilitera l’évaluation d’une réduction de loyer ou d’une astreinte.
FAQ
Serrure 3 points : obligatoire ou non ?
Non. Aucune obligation légale d’installer une serrure 3 points. La règle : une porte qui ferme correctement et assure un niveau de sécurité « raisonnable ». En pratique, on adapte le niveau (multipoints, blindage) au contexte (RDC, hall exposé, cambriolages répétés).
Le bailleur peut-il garder un double ?
Oui, mais il ne peut pas entrer sans votre accord (sauf urgence avérée). Toute intervention se fait avec votre accord et/ou après préavis raisonnable, hors cas d’urgence.
Qui paie en cas d’ouverture d’urgence ?
Perte de clés / clé cassée par le locataire : frais à la charge du locataire.
Serrure défectueuse, vétuste, porte voilée : à la charge du bailleur.
Gardez devis/factures ; si vous avez dû faire intervenir un serrurier faute de disponibilité du bailleur, un remboursement est possible si la cause relève du bailleur.
Peut-on changer le barillet soi-même ?
Oui, si l’opération est réversible et sans atteinte à la porte/huisserie. Prévenez le bailleur, conservez l’ancien cylindre et, en fin de bail, restituez tous les jeux de clés (originaux + doublons) ou remettez en place le cylindre d’origine si demandé.
Blindage / porte blindée en copropriété : quelles autorisations ?
La porte palière est privative, mais son aspect extérieur impacte les parties communes : blindage/porte blindée nécessitent le respect du règlement de copropriété et, souvent, un vote d’AG (teinte, moulures, sécurité incendie, acoustique). Demandez l’accord écrit avant travaux.
Porte qui laisse passer le jour : est-ce non décent ?
Un léger jour n’est pas automatiquement une indécence. En revanche, infiltrations d’air importantes, défaut d’étanchéité manifeste, impossibilité d’assurer une température normale ou défaut de sécurité peuvent caractériser un logement non décent et imposer la mise en conformité par le bailleur.
Après effraction, quelles démarches et délais d’indemnisation ?
Déposez plainte rapidement, photographiez les dégâts, sécurisez provisoirement (serrurier). Déclarez à l’assureur : vol sous 2 jours ouvrés, autres sinistres sous 5 jours (selon contrat). L’assurance habitation du locataire (MRH) couvre souvent la serrure/porte côté vol, l’assurance PNO du bailleur complète pour le bâti ; remboursements selon garanties/franchise. Conservez factures et dépôt de plainte ; l’indemnisation intervient après expertise (délais variables selon contrat).
Peut-on installer une serrure connectée en location ?
Possible avec accord du bailleur et respect de la copro (aspect extérieur, bruit, perçages). Prévoir un mode d’ouverture mécanique de secours, gérer les accès (journalisation, RGPD si données partagées), et remettre toutes les clés/supports à la sortie. En meublé touristique ou coloc, formalisez la gestion des accès dans le bail/règlement intérieur.
